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  • par Alec Stephani

Le cyclisme urbain n'éxiste pas!


Il n'y a pas UN archétype de cycliste urbain, mais une multitude de personnes qui utilisent leur vélo. En fait on ne devrait même pas parler, proprement dit, de cyclisme, car les urbains ne se collent pas à l'image sportive ou "touring" que les autres créneaux routiers peuvent arborer. L'urbain "utilise un vélo", ce qui est en fin de compte très différent comme approche, comme façon de penser. Il s'agit ici bien plus d'une façon d'être, d'une sorte de déclaration, que d'un status. Les urbains aiment leur vélo mais n'aime pas forcément le cyclisme. Ils font du vélo par opposition à la voiture ou par nécessité de déplacement. Bien sûr, comme dans tout, il y a des exceptions. Ainsi on pourra voir quelques "jersey et lycra" passer en ville. Le vélo urbain est une jungle complexe et un peu insaisissable. Issu de divers milieux, de diverses cultures, il ne se conforme à aucune étiquette précise, mais touche un peu à tout et à tout le monde. À l'instar des styles musicaux d'aujourd'hui, on peut combiner à peu près tout avec tout. De plus chaque ville a ses spécifications de genres et de modes. Par exemple, Copenhague et Amsterdam sont plutôt "Chic Cycles", New York est peut-être plus "Fixies" actuellement... À en voir les images de Chris Thomas (Kansas City), cette jungle est plus profonde encore que ce que l'on peut imaginer. Si on observe bien, on peut toutefois remarquer que tous les types de cyclistes sont représentés dans le genre urbain, et même plus. Par exemple, le cycliste routier, qui d'ordinaire enfourche une bécane de course racée et d'une esthétique sûre, utilisera un vélo urbain léger et performant, sorte de vélo de route à guidon droit. Ce cycliste sera un exemple de navetteur "maison-travail", si son cadre de travail lui permet de "protéger" son vélo adéquatement. Bien sûr, il y a les purs et durs qui maintiendront l'utilisation de leur bécane de compétition en milieu urbains. Le gain? La vitesse évidemment. Le voyageur utilisera probablement le même vélo de "touring" que pour ses excursions, ce dernier étant assez bien adapté aux conditions urbaines. De plus, il lui permettra de transporter toutes ses affaires pour un "navettage" plus efficace.

Le cycliste de montagne aura tendance à retrouver la robustesse de sa monture dans un simple hybride, son compromis urbain, soit en maintenant le concept de la suspension avant, soit en le simplifiant et adoptant la fourche rigide et réduisant la grosseur de ses crampons de pneus. Dans la même veine, il y a quelques "poser" qui utiliseront, a leurs dépens, leur machine de descente. Mais on en conviendra, question efficacité de déplacement, ils repasseront! Le promeneur aura pour choix un vélo urbain confort doté de suspension à la tige de selle et à la fourche, et d'une potence ajustable. Le confort est là, mais le poids aussi. Il oublie qu'un vélo, on ne fait pas que rouler avec, on le transporte aussi. D'autres promeneurs utiliseront un "cruiser' sorte de vélo de plage adapté à la ville. Dans cette jungle urbaine se profilent aussi à l'horizon des tendances que l'on pourrait qualifier de plus "culturel". Ainsi la vague de fond qu'est la mode des "Fixie", vélo à pignon fixe, semble vouloir émerger lentement depuis les années 70, et plus intensément depuis ces dernières années dans les grandes métropoles de ce monde. Sorte de rébellion au fait automobile et à l'instar des "taggers" qui s'approprient les murs de la ville, les "Fixie" s'emparent du réseau urbain. On retrouve la plupart des "Fixie" chez les coursiers. Vélos issus en général de vieux vélo de piste, ou de routiers recyclés, épurés à l'extrême, dont on a tout retiré, jusqu'aux freins dans certains cas, les "Fixie" exercent une fascination et stimulent la créativité de ceux qui les fabriquent. Ce sont souvent de magnifiques exercices de style.

Le "Chic Cycle" (ou "Urbanista" dans notre cas présent), est aussi un mouvement de fond, reprenant soit de véritables vieux vélos d'avant guère, soit des vélos neufs aux allures anciennes, s'actualisant de matériaux et composants modernes. À noter que cette tendance a pour bénéfice de susciter chez certains le goût d'utiliser plus volontiers un vélo et de délaisser autant que possible la voiture. Grâce à son allure esthétique, sa recherche de design, ce genre de vélos crée des coups de coeur et fait vibrer, chez d'autres, des souvenirs enfouis. Qui se souvient de son vélo d'antan, de sa fière monture sur laquelle il parcourait la ville à la découverte du monde. Plus rare, dans cette même mouvance, on peut aussi retrouver certains vieux concepts tels que les fameux vélos "Mustang" et leur non moins fameux siège banane. Ces montures complètement restaurées ou, au contraire laissées parfaitement d'origine, sont les coursiers fidèles d'une certaine clientèle, aux déplacements réduits certes, mais fréquents et totalement intégrés dans leur mode de vie. Et il y a les inclassables, les vélos rafistolés, adaptés, recyclés... Ils servent à la livraison, à la ballade, aux déplacements sporadiques ou réguliers. Fait de pièces amassées de tous bords, tous côtés, ils n'ont pas de style proprement dit, ou plus tôt il s'agit justement de leur style. Bref. Existe-t-il un anthropologue du cycliste pour débroussailler cette jungle? En fait, je dois l'avouer, c'est un terrain extraordinaire de création pour un designer de vélo!..

Chris Thomas - photographe

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