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  • par Patrick Nicol

Ça va, non merci!

photo : Patrick Nicol

Plusieurs fois par semaine, je transite par le terminus Longueuil et j'aperçois ce vieillard itinérant. Jamais il ne quémande. Je ne l'ai jamais vu bouteille à la main, allez en titubant comme plusieurs sans-abris que je croise au centre-ville. Il a toujours l'air occupé à faire l'inventaire du contenue de ses nombreux sacs de plastique qui doivent receler une multitude d'objets essentiels à son bien-être, va savoir. Cet inventaire doit certainement, à mon avis, le garder vif d'esprit et occupé. Une chose est certaine, il y tient, à voir la façon dont il les surveilles. Je n'ai jamais vue aucun gardien de sécurité le chasser ou lui demander de circuler. Tous semblent tolérer sa présence, contrairement à d'autres dont j'ai moi-même été témoin de leurs éviction. Il m'intrigue, je l'observe et je le cherche du regard chaque fois que je passe par ce terminus, c'est à dire 2 à 3 fois par semaine, et chaque fois, il y est. À croire qu'il y a élu domicile permanent. Un soir ou je passais par là, je l'ai aperçu, assoupi, assis sur un banc. L'obsession de le photographier à vite fait de me gagner. Non pas par voyeurisme ou par désir de sensationnalisme sur les médias sociaux mais simplement pour sensibiliser les centaines, voir les milliers de personnes qui le croise chaque jours. Un conflit intérieur me torture entre la moralité et mon désir de contribuer humblement à son bien-être, peut-être à tord me dirai vous. Je prend la décision de le faire, je le prend en photo et je quitte. Le même soir, de retour à la maison, j'observe avec attention la photographie et cherche à en retirer le maximum d'informations. Je remarque d'abord les traits de peigne dans sa chevelure, un homme fier malgré sa situation, qui prend le temp chaque jours de se coiffer convenablement. Je remarque aussi sa main gauche placé à l'intérieur de son manteau, comme un Napoléon, conquérant ou conquis. Il protège sans doute un bien précieux en gardant une main dessus, ou couvre-t'il une douleur qui le torture ? Je remarque aussi la ganse de son sac passé autour de son bras. Là encore, cela démontre combien il protège ses avoirs. Combien d'histoires, d'aventures et de sagesse cet homme doit avoir à transmettre sans jamais réclamer l'attention et l'aide de personne. J'aimerais tellement pouvoir m'assoir avec lui et discuter. Qu'il me raconte sa vie joncher d'embûches, d'échecs et de petites victoires. Une vie riche en enseignements et leçons spirituelles, j'en suis convaincu. Le lendemain, je repasse par le terminus et approche un gardien pour l'interroger sur le vagabond toléré et lui demande si il verrait un inconvénient à ce que j'invite l'homme en question à dîner afin de lui offrir un repas chaud. "Il se nomme M. Bastarache" me dit le gardien "et vous pouvez certainement lui offrir à manger, si il accepte bien sûre, les usagers du métro lui offre régulièrement des repas, adressez-vous à lui en anglais" Je prend mon courage à deux mains, m'approche du vieil homme, lui sourit et lui dit "Hi, my name is Patrick and I would like to offer you a meal" ... il lève les yeux, timide et me répond "Oh, I'm ok thanks" Je suis évidemment un peu déstabilisé qu'il refuse un repas malgré le fait qu'il pourrait très bien le conserver pour plus tard si il venait tout juste de manger. Mais non, il respecte la générosité des passants sans en abuser impunément. Je continue ma route avec l'intention de lui réitérer mon offre une prochaine fois, aussi souvent que possible quand nos chemins se croiseront à nouveau. Si vous passez par le terminus Longueuil, faites lui un sourire et dites lui bonjour ! La plus grande souffrance dans la vie n'est pas d'être seul, c'est d'être entouré de centaines de personnes qui nous font sentir seul. _________________ ​​Patrick Nicol, photographe émergeant de la région de Montréal se passionne pour la photographie depuis 2 ans et plus particulièrement pour le portrait de rue. Il le décrit comme ceci: "Le portrait de rue est criant de vérité. Parfois choquant, parfois humoristique, parfois touchant. Une chose est sûre c'est que la photographie à le pouvoir de révéler au grand jour la nature véritable de l'homme, dans sa beauté comme dans sa souffrance. Le photographe doit alors voir la vie sous son meilleur angle, extraire l'extraordinaire de l'ordinaire, la beauté de la laideur, l'espoir dans le désespoir et l'amour dans tout ce qui nous entoure.'' Patrick c'est classé finaliste du concours La Presse-Gosselin au Salon de la Photo de Laval 2015 Patrick Nicol Photographe 438 399-6081 Facebook

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