top of page
  • par Alec Stephani

Le pont


photo : Colocho

Aah! Ce pont Jacques Cartier. Mon préféré, je l'avoue. Une piste cyclable large, une vue imprenable! Imprenable? Une drôle d'expression d’ailleurs, qui signifie le contraire finalement... avec un appareil photo, on prend tout ce que l'on veut! Cette vue surplombant les toits de Montréal, le fleuve et ces navires... On peut y voir la laideur d'une métropole : Des toitures fatiguées et rafistolées, des ruelles encombrées et sales, des architectures désespérément disparates, un fleuve inlassablement souillé et des navires aux coques suintantes de rouilles. Mais on peut aussi y voir la beauté de l'effervescence d'une grande ville, l'éclectisme créatif et bigarré d'une cité en constante mutation, la dynamique et l'énergie urbaine... Chaque fois que je traverse le pont, en vélo, en direction de Montréal, je me réjouis de me baigner dans cette atmosphère urbaine unique en Amérique du nord. Le pont m'offre une transition métallique, un enchevêtrement de poutres d’acier rythmées de millier de rivets, un passage hors du temps qui me propose la ville de haut et de loin, tout en m'y amenant sûrement et certainement. Ce passage est comme un élan (surtout dans la dernière descente!) vers le "tout possible".

Pour ceux qui ont une appréhension face aux ponts en général, sachez qu'aucun d'eux ne peut s'enorgueillir d'avoir une facilité de passage cycliste aussi agréable. Bon, ok, les chicanes sont stupides et vraiment mal faites, créées et surtout commandées par des gens qui n'ont aucune idée de ce qu'est le vélo. Mais bon.

Pour ceux qui ont peur de devoir faire face à de longues ascensions : « Que nenni »! Il s'agit de faux plats qui, s’ils sont bien gérés, (c'est-à-dire partir doucement, petite vitesse), s’avalent tous seuls. ​​Et que dire de cette vue en direction inverse, lorsque quittant la métropole on revient sur la rive sud, une image nous frappe : c’est l’impression d’aller plonger dans une épaisse forêt d’où émergent, ça et là, quelques bâtisses, trahissant la présence d’une « vie après le pont ». Le long de la traversée se trouvent quelques aires d'arrêt qui nous permettent d'admirer la vue, sans gêner le passage. Au loin se dessinent les ponts Victoria et Champlain qui semblent être des frêles chenilles de fer ou de béton, lévitant sur un fleuve large et généreux.

​​À mi-chemin du pont, on pourra s'arrêter et lire la plaque commémorative nous racontant l'histoire de ce pont. On y fait de surprenantes découvertes! Historiquement, le pont a son lot d'anecdotes et de légendes urbaines. Comme par exemple, les fameux pointes de piliers en forme de tour Eiffel, qui ont fait croire à bon nombre que celles-ci auraient été offertes par la ville de Paris, ou mieux encore, que le pont aurait été ébauché par Eiffel lui-même. C'est en fait le buste de Jacques Cartier, qui fut offert par la France. Et cette fameuse capsule temporel où serait enfermé quelques artéfacts de 1926, capsule enfouie dans une pierre angulaire dont on aurait perdu l’emplacement exact suite à la modification du tracé original, côté Montréal...

Et ces quatre étranges tours de service, d'un style incongru, frisant l'arabisant? Sans parler de cette salle de bals en dessous de vos pieds alors que vous passez entre les tours. Une salle de bals? Oui, oui! Une immense alcôve abandonnée se cachant sous le tablier du pont, vestige des idées de grandeur d'une certaine époque. Et finalement, que dire de cette petite jouissance presque prétentieuse lorsque vous circuler librement et aisément sur la piste alors que le flot de véhicules, sur le tablier, se trouve engorgé, ralenti, voire complètement coincé? Vous vous sentez observés par ces automobilistes jalousant peut-être votre apparent plaisir de vivre! photo des embouts du pont : Stéphane Batigne photos vélo : Alec

Mots-clés :

Recevez les nouvelles d'UrbArt

bottom of page